De Barcelone à Venise, en passant par Amsterdam et Lisbonne, un cri de colère s’élève contre le tourisme de masse. Les Européens, longtemps bénéficiaires de cette manne économique, se retrouvent aujourd’hui en première ligne face aux dérives d’un secteur en pleine expansion.
Le revers de la médaille du tourisme
L’Europe, première destination touristique mondiale, voit ses habitants descendre dans les rues. À Barcelone, des manifestations éclatent contre l’invasion touristique, comme on peut le voir dans le vidéo ci-dessous.
À Venise, certains résidents occupent des appartements pour protester contre la crise du logement. “Nos villes se transforment en parcs d’attractions”, déplore Maria, habitante de Barcelone depuis 30 ans.
Le tourisme, représentant 10% du PIB de l’UE et générant 12,3 millions d’emplois, montre ses limites. Sebastian Zenker, chercheur à la Copenhagen Business School, souligne : “Les chiffres sont trompeurs. Les habitants ne profitent pas du tourisme si leur vie devient inabordable.”
Un déséquilibre croissant
Les bénéfices du tourisme semblent mal répartis. Paul Peeters, expert en tourisme durable à l’Université de Breda, explique : “Les grands gagnants sont les compagnies aériennes, les chaînes hôtelières et l’industrie des croisières, pas les communautés locales.”
À Venise, où 20 millions de visiteurs côtoient 49 000 résidents du centre historique chaque année, la tension est palpable. “Notre ville se meurt”, confie Luigi, gondolier vénitien. “Nous sommes envahis par des touristes qui ne restent que quelques heures et laissent derrière eux pollution et déchets.”
Des solutions à l’étude
Face à cette situation, les autorités locales réagissent. Amsterdam interdit la construction de nouveaux hôtels. Lisbonne et Palma de Majorque suspendent les nouvelles licences Airbnb. Barcelone prévoit de supprimer 10 000 licences de location touristique d’ici 2028.
Certaines villes misent sur le “tourisme de qualité”. Mais Macià Blázquez-Salom, professeur à Palma de Majorque, met en garde : “Attirer des touristes plus riches ne fait qu’accentuer les inégalités et la gentrification.”
Vers un tourisme durable ?
L’heure est à la réflexion sur un modèle plus durable. Copenhague innove en récompensant les touristes écoresponsables. “Il faut trouver un équilibre entre croissance économique et qualité de vie des résidents”, affirme Elena, conseillère municipale à Barcelone.
Paul Peeters conclut : “L’avenir du tourisme en Europe passe par une régulation intelligente, respectueuse des communautés locales et de l’environnement.”
Alors que la saison estivale est déjà amorcée, la question reste entière : l’Europe saura-t-elle réinventer son modèle touristique pour le rendre plus équitable et durable mais aussi plus supportable pour les habitants de ces villes si prisées par les voyageurs ?
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